Une annonce pour le moins inattendue a secoué la paisible commune de Montcornet ce week-end. Le maire, Thomas Hennequin, a exprimé sa colère et son incompréhension à travers un communiqué publié sur les réseaux sociaux. Il y dénonce la décision du Président du Conseil Départemental de l’Aisne, Nicolas Fricoteaux, de fermer le collège de Montcornet à la rentrée 2026, une nouvelle qui a été accueillie comme un couperet par les habitants.

Une décision politique contestée

Dans son message, Thomas Hennequin ne cache pas sa ferme opposition à cette décision qu'il qualifie d’unilatérale et "éminemment politique". Selon lui, cette démarche a été menée sans aucune concertation préalable avec les élus locaux et les partenaires, et sans études objectives dont il aurait eu connaissance. "Ce choix n’est pas acceptable", déclare-t-il avec véhémence, dénonçant ce qu'il considère comme une manœuvre préparée de longue date.

Sous prétexte de travaux de toiture estimés à un million d’euros, le maire s’étonne que le Département envisage de fermer l’établissement alors qu’il investit massivement dans d’autres collèges du territoire. "Une telle annonce, formulée à la veille d’une séance plénière du Conseil Départemental, place la commune et le territoire dans une position inacceptable", insiste-t-il.

Un appel à la transparence

En tant que président de la Communauté de Communes des Portes de la Thiérache, Thomas Hennequin a demandé des explications au Président du Conseil Départemental. Il souhaite la communication de l’ensemble des éléments ayant conduit à cette décision, et leur présentation détaillée lors de la prochaine séance départementale. "Le maintien d’une offre éducative de proximité constitue un pilier fondamental de l’équilibre de nos territoires ruraux", affirme le maire, mettant en avant les enjeux bien au-delà des simples considérations financières.

Thomas Hennequin s’inquiète également des répercussions de cette fermeture sur les familles et les enfants du secteur, craignant une modification de la sectorisation scolaire qui allongerait les temps de transport. "Où est l’égalité des chances ? Est-on prêt à sacrifier l’avenir de nos enfants sur l’autel de la finance ?", interroge-t-il, dénonçant une logique purement budgétaire.

Conséquences humaines et sociales

Au-delà de l’aspect éducatif, Thomas Hennequin évoque également les conséquences humaines et sociales d'une telle décision. Il s'inquiète du sort des enseignants et des personnels qui ont construit leur vie à Montcornet, des postes qui seraient supprimés et de l’angoisse que cela engendrerait au sein de la communauté.

"Cette fermeture, dépourvue de logique humaine, ne répond à aucune urgence pédagogique", plaide-t-il, insistant sur le fait que cette décision n’est guidée que par des considérations financières. Il rappelle également les engagements pris dans le cadre du PACTE Sambre-Avesnois-Thiérache, qui visent à redynamiser les bassins de vie du nord de l’Aisne.

Des interrogations plus vastes

Le maire s'interroge sur le fait que Montcornet soit-il un cas isolé ou si d'autres collèges du département sont également concernés par une réflexion similaire. "Une clarification permettrait de dissiper les légitimes interrogations qui sont les miennes, les nôtres", déclare-t-il, appelant à un gel immédiat de toute délibération ou décision liée à la fermeture, en l’absence de consultation locale approfondie.

« D’ores et déjà, et sans délai, nous nous inscrivons sans équivoque dans une totale et pleine opposition à cette décision. »

Le conseil municipal de Montcornet, aux côtés des enseignants, du personnel, des parents et des élèves, s'est mobilisé pour informer la population et organiser la mobilisation. Un nouvel appel public devrait être lancé dans les jours à venir pour rassembler les forces et faire entendre les voix de la communauté.

Vers un débat de fond

Lors d’une conférence de presse le 13 octobre, Thomas Hennequin a remercié les habitants pour leur mobilisation et a exprimé sa volonté d’ouvrir un débat de fond sur cette question. Il a souligné qu'il n’y avait aucune urgence à réaliser des travaux d’un million d’euros sur la toiture du collège, surtout quand on considère les 40 millions d’euros investis dans les collèges du département depuis 2021.

Thomas Hennequin a également saisi le nouveau ministre de l'Éducation nationale ainsi que la préfète de l'Aisne, tout en s’interrogeant sur la position des deux sénateurs de l’Aisne qui siègent au Conseil départemental. Il insiste sur le fait que la fermeture du collège mettra en péril le sort des 41 employés, un coup dur pour l'économie et la vie locale.

La décision de fermer le collège de Montcornet transcende le simple problème d’une école. Elle soulève des questions fondamentales sur l’avenir des territoires ruraux, face à une logique institutionnelle qui semble souvent négliger l’essentiel : la vie des gens.

« Le collège de Montcornet, ce n’est pas qu’un bâtiment ou une ligne comptable. C’est un lieu de vie, un symbole de l’égalité républicaine, et un repère essentiel pour les familles de toute la Thiérache », rappelle un élu local, soulignant la fragilité de l’école rurale face à des décisions budgétaires.

Alors que la pression monte, Montcornet se prépare à affronter ce défi, déterminé à défendre son collège et l’avenir de ses enfants. Reste à voir si cette mobilisation sera suffisante pour changer le cours des choses.

Une réaction attendue du Conseil Départemental

La situation est d'autant plus tendue à l'approche de la séance plénière prévue le 20 octobre, où cette décision controversée pourrait être discutée. Notre rédaction a tenté de recueillir les commentaires de Nicolas Fricoteaux, qui a répondu qu'il ne souhaitait pas s'exprimer avant d'avoir rencontré les personnes concernées, y compris l'équipe du collège, les élus et les parents d'élèves. Il a demandé aux médias de faire preuve de compréhension et de patience.

Nous vous tiendrons informés des développements de cette affaire dans les prochains jours.

Hervé BOUTELIER